Les agences de notation ne sont pas des ovnis survolant la planète Finance, distribuant au passage bons points et zéros pointés à des états, cancres ou modèles. La société Moody's en apporte aujourd'hui une nouvelle démonstration en annonçant qu'elle va mettre la France sous surveillance particulière et brandit déjà la menace d'abaisser sa note.
Elle s'invite dans la campagne électorale comme un Scud des marchés financiers.
La note des États repose déjà en partie sur l'avis d'un comité d'experts chargés d'évaluer ce qu'on appelle le « risque pays ». Celui-ci est apprécié sur la base de critères tels que la stabilité du paysage politique, mais également en fonction du jugement porté sur les politiques économiques mises en œuvre. C'est d'ailleurs en vertu de ces critères que Moody's a, en janvier 2011, dégradé la note de la Tunisie en réponse à la révolution démocratique ayant mis fin au règne de Ben Ali. Ces méthodes sont moralement condamnables.
Les agences de notation n'ont pas vu venir la crise des subprimes, aujourd'hui elles attisent la crise de la dette des États...
Du triple A au D, les notes attribuées par les agences aux États donnent à ces derniers le pouvoir de lever des capitaux à un taux relativement faible ou, à l'inverse, fait augmenter le taux d'intérêt et aggrave ainsi leur déficit budgétaire. C'est le cas de la Grèce, de l'Irlande, de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal, depuis la dégradation de leurs notes…
Mais doit-on accepter que les critères d'évaluation financiers et comptables des agences s'imposent à l'ensemble des acteurs de la vie économique et aux états souverains ?
Moody's, Standard & Poor's et Fitch - se partagent le monopole de la notation. Or, elles sont à la fois évaluatrices, conseillères de ceux qu'elles notent et rémunérées par ces derniers !
La question de leur indépendance, de leur légitimité et de leurs critères de décision se doit d'être posée !
Le fameux mot du Général : " la politique de la France ne se fait pas à la corbeille" est-il à reléguer au rayon des curiosités historiques ?
Michel Dauphin